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S'épouser soi-même... 

pour le meilleur

et pour le pire.

C’est à cette inconditionnelle solidarité,

à cette intimité profonde avec soi,

que la pratique du “Dialogue Intérieur” nous invite.

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© Hendrik Nicolaas Werkman

(Leens 1882 - Allardsoog 1945)

     Le «Dialogue Intérieur» est avant tout un dialogue avec soi : celui du Témoin et de l’Ami, que nous pouvons devenir pour nous-même, en relation à ce qui nous habite au fil du quotidien. Un dialogue qui nous engage, très concrètement, à une rencontre avec nos personnes intérieures. Se mettre à leur écoute, est certainement une des plus étonnantes manières de se comprendre et de s’aimer. C’est prendre de plus en plus plaisir à cette diversité, cette abondance d’un Univers intérieur qui contient tout !

     S’aimer devient aimer la Vie, dans toutes ses formes, qu’elles soient belles ou difficiles. Le Dialogue Intérieur, construit une relation de sécurité avec les forces qui nous meuvent, nous émeuvent, nous freinent ou nous bloquent.

     C’est l’expérience d’un face à face. Celui d’un « moi de plus en plus conscient », vécu comme un « espace intérieur » tranquille, aimant, lumineux… en lequel il devient simple d’accueillir qui souffre ou qui  jubile en nous.

Et, à partir de là, d’accueillir l’autre sans crainte… et donc avec générosité. 

     Deux souffrances essentielles : la séparation et la dévalorisation. 

     Chacun subit, lors de sa mise au monde, l’expérience d’une totale et incompréhensible impuissance, d’un effroi de mourir, d’une séparation radicale.

C’est alors que notre instinct de survie physique et psychologique va y répondre… et c’est sur cette base que s’élaborera notre personnalité. Une identité complexe et contradictoire, que le Dialogue Intérieur appelle nos subpersonnalités.  Celles-ci procèdent de notre peur : peur de la mort du moi, peur de la perte de valeur et d’amour.

De là le développement de nos ressources ! Mais de là aussi notre profonde inquiétude ! Celle de notre Critique Intérieur et de notre Juge de l’autre,  qui fonctionnent en nous comme des parents éducateurs, mais aussi castrateurs, dans leur souci de stigmatiser tout ce qui ne nous assure pas l’acceptation et l’adaptation.

 

     Dix ans de pratique professionnelle m’ont montré, que nos difficultés de vie ont leur source en ces deux souffrances essentielles : celle de la séparation et celle de la dévalorisation… Vide et manque, panique et blessure de non-être, doute de soi, sont portés par notre enfant abandonné intérieur. Sa souffrance, son inextinguible soif d’union, président dès lors à notre recherche, souvent compulsive et vaine, du bon parent… que nous espérons trouver dans le bon partenaire…

     Lorsque cette Quête inconsciente  de survie affective et identitaire se fait trop exigeante, notre partenaire prend peur et finit par échouer à nous satisfaire. Et cela nous amène immanquablement à lui en faire cruellement reproche, par la voix de notre Juge… à réclamer jusqu’à l’épuisement que l’autre change !  Nous nous tournons aussi contre nous-même ! Notre Critique Intérieur va nous culpabiliser, nous imposer une dynamique d’auto-amélioration compulsive, pour gagner l’amour… être reconnus… souffrir moins. La vie avec soi, avec l’autre, peut alors devenir un enfer. 

     L’on constate que c’est cette demande angoissée de l’enfant intérieur, qui provoque l’attraction de la rencontre, puis l’échec récurrent de la relation affective, mais aussi l’échec de la relation sexuelle. Car si l’enfant intérieur n’a pas confiance, s’il ne se sent pas respecté et aimé, il se sentira abusé, paniqué, empêchant toute sexualité satisfaisante.

Nous sommes mus par des énergies contradictoires

C’est à ces énergies, à leurs voix en nous, que le ‘Dialogue Intérieur’ offre la possibilité de s’exprimer.

1) Il y a d'abord nos Voix puissantes : ce sont là nos ressources, la manière dont nous nous montrons à autrui, dont nous nous adaptons au sein de la famille et de la société. Nous y rencontrerons les subpersonnalités qui mettent en œuvre nos mécanismes de défense, nos façons de maîtriser les circonstances et de faire fructifier nos capacités. Leur souci commun est de nous protéger de la souffrance, de nos échecs passés ou futurs.

2) Dans l’ombre, en opposition à nos voix puissantes, nous pourrons découvrir nos Voix reniées, subconscientes, refoulées. Celles-ci ressemblent comme des frères aux personnes que nous jugeons et rejetons dans le monde extérieur,  mais elles  sont aussi porteuses des qualités qui précisément nous attirent… par exemple en ceux dont  nous tombons amoureux… parce qu’ils sont tout le contraire de nous. 

3) Et puis, masquées par nos voix fortes, il y a ce que nous considérons comme nos faiblesses, nos complexes (souvent autonomes). Il y a nos Voix vulnérables, ce sont sans doute les plus cruciales. En particulier nos voix d'enfant. L'enfant blessé, fragile, souvent prisonnier et muet, l'enfant rebelle, l'enfant coupable; mais aussi l'enfant joueur, l'enfant aimant, l'enfant magique.

L'enfant intérieur est le coeur fragile et sensible, de notre forteresse, car c’est autour de lui que se structure l'éventail des subpersonnalités puissantes. C'est dans le but de protéger ce noyau délicat de l'être, nu et sans défense, que nous développons tout le groupe de nos voix fortes, et rejetons, dans l'ombre et le mutisme, leurs opposés…. faisant de ceux-ci autant  d’ennemis dans la place… qui un beau jour nous sauteront au nez !

Parce que nous parons au plus pressé, parce que nous voulons à tout prix éviter de sentir ce qui pourrait nous être pénible, notre enfant intérieur malheureux reste isolé, privé de notre amour et de notre attention. Faute de relation entre nous et lui, il n'évolue guère, et nos stratégies d’auto-protection se répètent, invariablement les mêmes, nous coupant de nous-même et de l’autre. Nous ne nous apercevons pas que, devenus adultes, nous ne sommes plus si inexpérimentés, si exposés, qu'autrefois. Nous ne réalisons pas notre aptitude à parenter cet enfant intérieur, ni que le développement d’une conscience lucide, d’une vraie solidarité avec soi, rendent superflus des murs si hauts et si bien défendus.

 4) Enfin, il y a les Voix transpersonnelles, qui expriment en nous le divin, voix de l'âme, voix de sagesse. L'on peut aussi dialoguer avec les voix de nos rêves, de nos douleurs corporelles, de nos maladies, avec la voix de la vieillesse ou de la mort, ou avec celle de nos inspirations et de nos intuitions.

Devenir l’Ami et le Parent de sa « famille intérieure »

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© Hendrik Nicolaas Werkman

(Leens 1882 - Allardsoog 1945)

  Devenir adulte, ce n’est pas seulement devenir capables de descendance… c’est devenir son propre parent, celui de notre enfant intérieur…de manière à pouvoir l’être avec maturité pour nos enfants biologiques. C’est aussi devenir son propre Ami, l’Ami de tout ce qui nous

touche. Et c’est la découverte de cette riche et merveilleuse famille intérieure, qui constituera le fondement de ce que l'on appelle, en Dialogue Intérieur, le processus du «  moi qui prend conscience. »

 

     Celui-ci sera, en quelque sorte, à la fois notre Témoin et notre Jardinier, réaménageant, avec sagesse, notre écologie interne. Dans le cadre d’une session, sa place sera toujours au milieu, en face du faciliteur qui guide le processus. Et c’est  autour de ce  moi central et contenu par lui , que va se  déployer un mandala d'énergies, un mandala de subpersonnalités. En effet, chaque facette de notre vécu s’exprimera, dans le cours d’une session, comme une personne à part entière, depuis une place qui lui est spécifique. J'aime bien l'image du mandala, car elle illustre, que ce travail de différenciation de nos énergies, (lesquelles de fait s’emparent de nous sans notre permission)… loin de nous déstructurer, de nous morceler, constitue au contraire un processus qui nous amène à nous percevoir comme un tout, un chef de tribu, un rassembleur…

     C’est une démarche qui équilibre et met en relation  ce qui en nous s'ignorait ou s'opposait auparavant.

« Le moi prenant conscience » est un espace d’accueil. Il peut tout englober, et par là-même rester en harmonie avec la diversité contradictoire qui est la nôtre… Il embrasse la succession des états d'être auxquels nous nous identifions.

 

     En tant que Témoin et Contenant , nous nous apercevons alors que notre être est bien plus vaste que la somme de ses parties. Par ailleurs, nous sommes aussi soulagés de voir, que même si une énergie de tristesse, de colère ou de désespoir s’empare de nous, nous ne sommes jamais « que cela » ! Rien  ne saurait nous réduire à une seule facette de nous-même. Notre plus grande dimension reste toujours ouverte et accessible. Elle pourra toujours nous réconforter, nous soutenir et nous envelopper de sa  stabilité et de sa sérénité.

     Le ‘Dialogue Intérieur’ nous illustre. Il est l’expérience vivante, passionnante, de qui nous sommes de moment en moment. L’on y développe une réelle intimité avec soi : écouter, répondre à qui appelle, à qui vibre en nous.

     La compréhension qui s’en dégage, est la condition première de l’épanouissement d’un amour et d’un respect pour soi… et c’est cela qui nous transforme… et non pas nos efforts pour être meilleurs ou différents ! Il ne s’agit pas de se corriger, comme on retaillerait un costume qui ne serait plus à notre goût… Nous ne voulons pas être des objets, mais des personnes, et les coups de ciseaux nous font mal ! Etre intime avec soi, c’est pouvoir l’être aussi avec l’autre, sans pour autant se perdre ou se laisser envahir.

     C’est être pleinement là, sensoriellement, émotionnellement, intellectuellement, spirituellement … car c’est justement cette qualité de présence qui va nous permettre de vivre en lien avec nous-même et avec ceux qui nous entourent, plutôt que seulement en interaction. Nous y apprendrons à re-parenter notre enfant abandonné. Il nous rendra alors un trésor caché, celui de notre sensibilité, de notre capacité de créativité, de confiance et d’amour, dont il est le dépositaire. C’est aussi cette relation consciente qui transformera nos Critiques et nos Juges, en Voix du discernement et de la sagesse, plutôt que du jugement de valeur... 

Lorsque nous devenons notre propre Ami,

"l'autre cesse d’être un étranger",  parfois menaçant,

pour se faire notre Allié.  

© Adelheid Oesch

​L'ATELIER DU DIALOGUE INTÉRIEUR © Adelheid Oesch 2021
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